Voilà voilà...

En ce lendemain de soirée électorale particulièrement lourde, faisons plaisir aux électeurs du FN.

Marocaine et fière de l'être je suis aussi heureuse de vivre à Paris. Mais malgré tout il m'arrive d'avoir des moments de mélancolie assez forts. Je me languis de mon pays plus que je ne l'aurais cru. Bizarrement pour y palier je me prends à m'entourer de saveurs qui ne m'auraient pas attirer avant. 
Au Maroc, je mangeais que très rarement les "mlaoui" (espèce de crêpes un peu épaisse accompagnée de viande séchée) et encore moins d'olive ni de gâteaux traditionnels (corne de gazelle). Bizarrement je me sentais attirée malgré moi vers ces souvenirs gustatifs. Quand cela empire je lance même dans mes écouteurs de la musique traditionnelle de Fès (ce qui est plus que moyennement bon signe).
Je le fais tout en tenant à ne pas agresser ceux qui sont autour de moi, car oui je ne suis qu'une invitée et il y a des honneurs à rendre à son hôte comme on m'a toujours appris.
J'adore la culture française et depuis longtemps. Je ne comprends pas comment les français peuvent avoir peur de sentir leur magnifique culture en danger, ils arrivent à l'exporter mieux que personne et au delà même de leurs anciennes colonies ou protectorats. Étrange qu'ils aient à se poser des questions sur la protection de cette culture coûte que coûte au moment où elle triomphe. Comment ne pas être anxiogènes pourtant quand c'est la population qui consomme le plus d'antidépresseur ? Comment faire autrement quand aucun rêve, ni vision ne leur sont proposés?
Dans une société de consommation, de gaspillage et de buzz, l'engouement est exigeant, difficile et volatile. La rencontre d'électeurs avec un représentant politique en devient complètement détraquée. Comme une femme mal aimée durant de longues années se jeter dans les bras d'un homme assez peu recommandable mais qui promet des châteaux en Espagne. Cela ne semble pas incohérent mais plutôt inconscient sans évaluer les conséquences de tels actes (car que peut-il arriver de pire?).

Je n'arrive pourtant pas à croire qu'autant de français sont racistes, xénophobes, antisémites et négationnistes. Autour de moi, ils sont plutôt curieux, avenants et accueillants. Sans idéaliser ni enjoliver. Bien sur il existe quelques clichés qui ont la peau dure mais rien d'exceptionnel. Je ne peux pourtant m'empêcher de ressentir une forme de culpabilité car je représente une partie du rejet qui s'est exprimé hier. L'étranger.
Faut-il effacer encore plus tout ce qui constitue ma différence pour les contenter? ou malgré tout serai je considérée comme indésirable et parasite de la société?

Au delà de cela, je ne peux m'empêcher d'être triste pour tous ceux qui ont voté car la déception n'en paraîtra que plus grande face à ce dernier espoir que représentait ce parti anti-système... 


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