Gavage en mode intensif
Il est intéressant d’analyser son
fil d’actualité Facebookien. Il faut dire que ces dernières semaines ont été
particulièrement trépidantes. Rythmées à coup de la coupe du monde, l’engouement
général s’est mobilisé un coup pour les français, un coup pour les algériens et
un autre pour les allemands (entre autres). Il est même fascinant d’en analyser
l’inconstance. Comme si au final nous consommions le football comme tout le
reste en mode Kleenex jetable. Et pourtant une réalité va réussir à nous sortir
de cette torpeur estivale (et ramadanesque). Oubliant tous les drames qui se
dessinent un peu partout dans le moyen orient (entre l’Iraq et la Syrie y a de
quoi faire), un seul va réussir à percer. Celui du conflit israelo-palestinien.
Fini l’espoir fragile amorcé par le Pape François, place à la vengeance
sanguinaire, aux tirs de roquettes et au risque d’invasion terrestre. Ni d’une,
ni de deux les tweets fusent, les hashtags se mobilisent et les internautes s’indignent
derrière un écran. Par quoi ? Des vidéos avec des larmes, du sang et des
cris dont la source est plus que douteuse (forcément puisque ce n’est
certainement pas un journaliste sérieux avec une éthique qui ira les diffuser)
de « nos frères » (quelle expression grotesque en référence à une communauté
religieuse qui est plus de l’ordre du fantasme qu’autre chose car beaucoup d’autres
« frères » s’entretue pour cette même raison : la religion !!). Les âmes sensibles, on n’en voit plus. Les idées ? Brulées au Panthéon de
l’émotion digitale et communautaire. Faire monter la sauce plus vite et plus
fort mais jusqu’où ? Personne ne s’en soucie… Personne ne se soucie que ce
sont ce genre même de vidéos qui endoctrinent des centaines d’européens, de
marocains, et j’en passe pour les envoyer le cœur enflammé sur de se battre
pour la seule et unique cause : ramener les musulmans au seul « vrai
Islam ». Non personne ne réfléchit puisque tout ceci sera bientôt oublié.
J’ai vécu un des plus forts
moments du conflit à un moment clé de ma vie ; en pleine adolescence. A l’époque
Aljazeera, la chaîne qatarie explosait les audiences à coup de reportages chocs
au cœur de la guerre qui se déroulait. Une guerre qui apparaissait injuste,
illégitime et inégale. J’étais sortie manifester ma solidarité et crier mon
émotion. Mais je me suis dit que cela m’aidait plus à me déculpabiliser et je
me suis posée des questions. J’ai fait des recherches et travailler la question
longtemps pour les deux côtés. J’ai arrêté de voir Aljazeera. Par ailleurs, je
ne pense pas détenir la solution ni avoir raison. Mais je pense qu’un conflit
gagne plus à s’apaiser par la réflexion et la rationalité que par les larmes.
Je me demande qu’est ce qui est plus utile aux palestiniens et aux israeliens …
Il est humain de toujours se
sentir plus empathie avec ceux qui sont dominés qu’avec les dominants. Mais d’un point de vue stratégique cela est
une grande bêtise. Les palestiniens n’ont pas besoin de pitié pour construire
leur Nation de manière durable. La logique de croire que les israeliens n’ont
réussi à construire le leur suite qu’à cause de tout ce que le peuple juif a pu
subir comme monstruosité est erronée. Ils ont mobilisé d’autres ressources et
de loin plus intelligentes et plus efficaces que celle de la pitié.
En attendant le jour bienheureux
où cette époque se nourrira aussi de réflexion, je choisis de moins la subir.
Et vous quel est votre choix ? Attendre le prochain Buzz ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire