De l'obsession

Une femme peut avoir plusieurs qualités. Au-delà des clichés sur le genre féminin, les exemples ne manquent pas sur le courage, l’abnégation, la générosité et j’en passe. Sans aucun doute rien de particulièrement exceptionnel par rapport à la gent masculine. Mais  il reste un caractère frappant qui met un point commun entre des personnalités féminines : l’obsession.
Une plaie, un handicap, une machine qui se développe dans un être fait d’angoisse pour ne penser qu’à une seule idée fixe.
Ne plus penser à autre chose, se soumettre à cette pression insoutenable et soumettre son entourage. Marteler, marteler et marteler. Une envie soudaine d’achat, un coup de foudre amoureux, un changement de vie…
Une envie issue d’une incertitude (suis-je la plus belle ? / ai-je réussi ? / suis-je vieille ? (avec un ordre de priorité tout à fait aléatoire)) peut pousser aux derniers retranchements. Pourtant dit comme cela, cette futilité apparaît d’un niveau plutôt affligeant et pourrait faire croire au caractère inoffensif de la situation… si seulement.
Cette peur de ne pas être à la hauteur d’un conditionnement conduit de longue date. De la barbie mise entre les mains d’une petite fille qui la voit comme le modèle de la beauté, les jambes fuselées, la blondeur évanescente, la peau siliconée et bronzée, le sourire aux lèvres comme seul émotion permise, jusqu’à la question quelques années plus tard « alors un chéri ? ».
Moi, on m’a longtemps appris, pour me protéger de la lubricité des adolescents ou des vieillards établis aux potes des collèges et lycées que l’homme est un grand méchant loup. Il ne cherche qu’à « profiter ». Cette distance énorme et aversion à toute relation de séduction ou de flirt possible entre une jeune fille et un jeune homme m’a été longtemps inenvisageable. Je faisais des grimaces d’aversion quand mes amies en parlaient en roucoulant, levant les yeux au ciel devant tant de futilité. Il faut dire qu’à l’âge de l’adolescence, un mal bizarre saisit la plupart des jeunes filles en fleur le mal de « jeveuxallumertoutcequibouge-et-voirsiçamarche » !!  Mais quelques années plus tard, je me prends à même regretter mon ignorance. La peur de la solitude, de ne jamais réussir à plaire, à séduire… me tétanise. Je comprends petit à petit que la peur me fait plus de mal que de bien (classique me direz-vous) mais surtout qu’elle ne me lâchera jamais. Il va falloir la mater en y allant franco. Je réussis plus ou moins bien cette expérimentation à coup de bons sentiments et d’entourloupe. La conclusion le seule moyen de vivre bien sa peur c’est de la regarder droit dans les yeux, de dire ok et de l’affronter, de la tester parce qu’un jour peut-être on réussira à la mater pour en créer une autre.
Le plus dur pour moi a été malgré tout de distinguer celle qui est mienne de celle qui m’a été donnée par d’autres. Se sauver du conditionnement social pour choisir sa propre voix.
Il y  a un film qui m’avait beaucoup fait rire à un moment de ma vie où je commençais à avoir quelques formes de réponses à cette question. Un film qui initialement était une comédie à l’américaine qui arrive à faire réfléchir, c’est dire à quel point j’en avais envie. Il s’agit de « Ce que pensent les hommes ». La scène où l’une des héroines est rassurée par ses amies sur l’opinion positive de son flirt et qui la conforte dans une idée fausse par peur de connaître une vérité dérangeante et déplaisante, mais que quelques jours plus tard elle arrive à connaître la vérité sur l’approche masculine par les hommes la délivrant de cette peur de ne pas plaire et qui l’obsédait.

La peur nous pousse à choisir des boucs émissaires, à trouver de mauvaises raisons et à se replier par facilité parce que se poser les bonnes questions franchement ça donne la migraine. Qu’on soit femme ou non J.

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