L’illusion perdue d’une princesse de pacotille



Le soleil par sa lumière et sa lumière fragilise nos peurs tenaces. Et heureusement aujourd’hui c’est le premier jour de printemps. Et j’ai décidé qu’il était temps de prendre la plume, le clavier ou tout autre outil nécessaire pour écrire.
Petite fille, mes rêves étaient multiples et sans aucune cohérence. Evidemment je voulais être princesse avec une couronne et une robe froufroutante à la Cendrillon. Une illusion que j’ai réussi à créer alors avec un décor de pacotille mais une enfant ne se soucie pas de la réalité et de la richesse du diadème sur sa tête, elle se soucie juste du tournoiement de la jupe « ma robe tourne, tourne et tourne hihih ».
Maîtresse d’école aussi voulais-je incarner, dans la continuité de mon premier modèle féminin que j’admirais et que j’admire toujours. Des heures passées à tapoter du bouchon du stylo illusion de craie, à mimer les gestes et les paroles.
Puis conteuse d’histoire à moi-même devant une glace, haute comme trois pommes. Des mots que seule moi en comprenais la teneur, le regard ébahi de mes parents encore aujourd’hui témoigne de leur amusement et  de leur perplexité sur le sujet. Peu après, je compris l’intérêt d’avoir un auditoire devant soi plus ou moins attentif et j’embêtai mes chères poupées, ma sœur, ma mère, mon père, mes cousines… Leur enthousiasme et leur réponse diverses finirent par identifier les personnes/choses les plus réceptives (oui il y a des barbies/miroirs qui sont plus à l’écoute que d’autres). Mon amour pour les histoires, que je dévorais petite à la lumière d’une torche minuscule sous la couette parce que c’était l’heure du couvre-feu, peuplait mon esprit de rêves, de personnages, de complexité… Ma solitude toute relative due à ma précocité, qui laissait mes camarades de classe indifférents, me convainquit alors de la qualité de mes compagnons : fidèles, bavards, vifs et surprenants. On ne trouve jamais mieux que le fruit de sa propre imagination pour nous accompagner dans la vie. L’âge ingrat et ses méandres mélancoliques aidant je commençais à gribouiller des débuts, des fins, des épisodes courts de nouvelles. Mais je ne les aimais pas. Je les ai oubliés dans un tas de cahiers dans un fond de tiroir poussiéreux. Aucun ne trouvais grâce à mes yeux. Mon courage s’est évanoui peu à peu pour laisser place à des rêves plus réalistes, plus concrets… Pourtant les années passent et je n’oublie pas cette envie. Dur de passer à côté.
La peur de l’insignifiance et de la vacuité est exigeante. Amie de longue date, elle n’aime pas être trompée par un éclair d’inspiration.  Elle revient tenace, ne lâche pas comme un amant qui se sait pas aimé mais qui ne laisse rien tomber et use de toutes ses dernières  armes.
Pourtant, je vis dans la plus belle ville du monde, qui a connu les plus grands écrivains. Il paraît tellement facile de pouvoir raconter des milliers d’histoires dans une ville qui en a connu tant. Mais dire des bêtises en sons sein serait une insulte impensable à sa profondeur.
Alors que faire ? Rester au chaud chez soi à regarder venir les beaux jours sans oser défier cette peur ? Mes questionnements ressemblent du coup à la météo d’aujourd’hui : changeants.
Ne pas répondre à ce besoin lancinant serait pourtant aussi une insulte à soi peut-être faut-il l’enterrer tout simplement au plus profond et sécurisé tiroir de mon âme Et arrêter de faire de longues phrases. Je me dis aussi qu’avant de lancer les rêves récents il faudrait réaliser qui ceux ont un historique plus inquiétant.
Lancer la première bouteille à la mer (quel super film de Kevin Costner sur le sujet…) et truffer ce blog de références intellectuelles (sic !) pour honorer le lecteur.


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