Pour toucher le ciel, prenez des talons hauts
Quelle est cette lubie féminine qui consiste à porter des
talons hauts dès qu’il s’agit d’affronter un événement décisif pour la journée
(ou en soirée) ?
Pourquoi faut-il s’ajouter plus de 10 centimètres quand il
faut s’envelopper de son manteau de confiance pour assurer ?
Honnêtement ce phénomène ne peut s’expliquer par la grâce
que cela donne en plus (à part les happy few qui sont initiés par un don
naturel de marcher de manière aérienne en talon, cela prête plus à une démarche
alourdie et ralentie). Il ne peut s’expliquer par cette volonté d’être dans un
élément connu et confortable. Les femmes ne portent pas chaque jour ce genre de
chaussure.
Mais quel incroyable sentiment de puissance cela nous confère.
Les porter font tourner les regards vers notre silhouette (c’est même aussi la
raison qui nous pousse à ne pas en porter tous les jours).
Quelle folie tout de même ! Les femmes adorent les
talons hauts certes, mais quel objet de souffrance !! Des astuces se mettent en place pour diminuer
cette part de souffrance : des chaussures à plateforme, des semelles
discrètes, des ballerines dans le sac, jusqu’à enlever les chaussures sous la
table de manière plus ou moins discrète.
Conquérir le monde nous paraît à la portée d’une paire de
créateur (ou d’une imitation) tant que cela fait de beaux pieds. Mais conquérir
le monde de manière plus lente (vous avez déjà vu une femme courir à
talon ?) paraît aussi être une façon incongrue de l’envisager. Mais
l’inconscient féminin lie toujours la conquête à la séduction. Bizarre
construction cognitive (facilitant tous les stéréotypes sur la promotion canapé
et les femmes successful au style dominateur).
Une pointe fine et aiguisée de chaussure imite le dessin
d’une lame affûtée comme source de pouvoir. Comme si le pouvoir ne peut être
atteint sans souffrance.
Il demande une part de sacrifice nécessaire certes, mais
cela passe-t-il par des pieds en compote ?
Je me suis posée la question avec cette vague de chaussures
plates immondes devenues à la mode.
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http://static.zara.net/photos//2014/V/1/1/p/1359/301/022/2/w/1024/1359301022_2_1_1.jpg?timestamp=1395395427895
Va-t-on oser en porter dans des milieux
professionnels ? Où des hommes font partie de l’environnement ?
Quelle perception va-t-on avoir sur ces femmes qui en porteraient ?
Quand je me rappelle la folie admiratrice qui s’est emparée
autour de Steve Jobs avec son look à la cool (quitte à ce que plusieurs années
plus tard ce style s’est imposé auprès de tous les grands dirigeants des
entreprises en high-tech devenant un code incontournable de l’innovation, de ce qui est
« in » même quand ça en devient ridicule porté comme un déguisement)
je me demande sincèrement si une femme aurait été prise au sérieux en adossant
ce même uniforme (jean, basket, pull noir, sans maquillage).
Mais là où était le génie de Steve Jobs, au-delà des différences
dues à son sexe, se situait sur sa liberté. Une liberté qui se proclame de
manière visuelle ici. Audrey Hepburn (l’icône absolu du style et de l’élégance
le noter est d’une banalité affligeante mais je ne peux faire mieux sur le
sujet, elle est maaaaaagnifique) en a choqué plus d’une en apparaissant presque
toujours en plat. A une époque où l’extrême féminité était de mise, où le noir
malgré Chanel était encore relégué à une couleur triste et masculine.
Elle a su imposer ses choix sans aucune prétention et avec
naturel.
Seuls les vrais dominateurs réussissent à se libérer des
codes qu’il faut suivre pour réussir.
Pour dominer mesdames nul besoin de 12 cm en plus pour le
faire, pour réussir nul besoin de se coltiner des ampoules, pour éblouir nul
besoin d’être obligée de marcher plus lentement. Car le pouvoir c’est aussi la
liberté.
Alors soyons libres ;)
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