#Bitching
Dans notre société marocaine, où tout le monde connait tout le monde, comment s'empêcher d'être une langue de vipère?
Les réseaux sociaux actuels n'ont pas arrangé les choses... A l'heure de l'étalage, du hashtag # ou encore des photos de notre quotidien, le mystère des vies respectives n'existent plus. Faut-il aller jusqu'à dire que cet étalage ne permet plus la joie de parler de la vie des autres?
Oui j'ai bien dit la joie.
Certes, je suis convaincue que chacun est libre de vivre comme il l'entend. Mais soyons honnête, cela alimente les discussions permettant d'établir un lien social avec les autres. Rien de nouveau sous le soleil pour la psychologie de base. Mais pourquoi n'assumons nous pas quand nous voulons dire quelque chose de factuel (limite méchant) sur quelqu'un même d'éloigné?
Nos conventions sociales sont assez fascinantes pour cela. Le Gossip ou tberguig (bizarrement je ne trouve pas le terme correspondant en français) est régi de règles. Sur le plan religieux cela est prohibé... Du coup, les marocains ont trouvé plein de subterfuges pour s'excuser d'avoir à dire une méchanceté factuelle. Je ne parle pas ici des méchancetés gratuites et qui n'ont aucun fondement à par la jalousie humaine. Mais bien de ce que tout le monde pense tout bas mais que personne n'ose dire tout haut.
La liberté d'opinion, de pensée et de parole trouvent ici quelques limites (assez cocasses par ailleurs).
Mais le sport préféré reste celui de juger la vie des autres tout en préférant ignorer tout ce qui dépasse tout ce qui n'est pas admis... La polémique sur le nouveau film de Nabil Ayouch 'Much Loved' le prouve bien.
Un film réaliste et cru sur le commerce de la chair. Mais avant même sa sortie en salle, une lever de boucliers s'est faite. Une propagande allant, non pas seulement au boycott simple du film, mais jusqu'à vouloir lui retirer sa marocanité... Comme si seule l'hypocrisie est une qualité de notre identité.
Refuser à un artiste d'avoir sa propre ligne artistique parce qu'on préfère avoir des œillères. Juger ses personnages ( 4 prostituées) comme inexistantes, comme l'ultime tabou.
La quantité de tabous qui nous sclérose me fascine et m'attriste. Je pensais que nous avions dépassé ce stade. Et pourtant l'un des films les plus marquants de notre cinématographie est bien un film de Nabil Ayouch "Ali Zaoua, prince de la rue". En mettant des mots et des scènes crus sur ce que nous refusions de voir, les enfants de rue, ce film a rompu une des digues. Mais depuis sa date de sortie de 2001 à aujourd'hui, n'avons nous pas changé? évolué? affronté nos peurs?
Non, nous préférons nous imaginer dans un pays le plus beau du monde avec les citoyens les plus parfaits (sic!) et les plus vertueux...
En attendant:
En attendant:
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